Glorification de l’obsolète

Et si le feuilleton rocambolesque des deux dernières années de la biographie de l’ancien directeur du Fonds Monétaire International n’avait comme vertu principale dans sa désuétude planifiée que de glorifier l’obsolescence d’un certain type d’homme du vingt et unième siècle ; le queutard compulsif à la libido néo féodale pris en flagrant délit le vit dans le pot de confiture du droit de cuissage ? Ou comment chaque nouvelle information sur le comportement scandaleux d’un homme donnant la désagréable impression de s’estimer au dessus des autres hommes peut elle continuer d’être cautionnée par une presse et des médias partisans sur la complaisance desquels il ferait bon de s’interroger une bonne fois pour toutes. Car entre le tristement célèbre et réducteur “troussage de domestique” et la dernière sortie de certains humoristes préhistoriques associès s’étonnant qu’une plaignante puisse obtenir plus d’un million de dollars de dommages et intérêts ne sachant ni lire ni écrire avec pour circonstance aggravante d’être “moche comme un cul”(sic) – oubliant au passage (pas folles les guêpes) d’utiliser comme ultime ressort comique la couleur de sa peau – on en vient à douter de l’éspèce humaine dont sont faits les plateaux de télévision et les rédactions de journaux.
J’attends avec intérêt les remarques pertinentes et perclues d’humour subtil qui ne manqueront pas de fleurir sur la nouvelle témoin comparaissant au prochain procès de l’ex futur grand homme politique français dans la saison deux du feuilleton au nom d’un grand groupe hôtelier.
Si j’en crois son métier et ses références, elle doit avoir une plastique propre à alimenter les fantasmes les plus  hautement métaphoriques chez le mâle dominant occidental qu’il soit en surcharge pondérale ou non.
Il n’empêche. Au final, l’amatrice analphabète au physique ingrat honteusement moqué, se retrouve financièrement assez à l’aise alors que la professionnelle plutôt gâtée par la nature  paraît dans une situation assez inconfortable à la barre des témoins ce qui est un comble pour une spécialiste de l’acrobatie en chambre surtaxée.
Les dinosaures de l’humour obsolète si bien ancrés dans la certitude de leur belle intelligence de mâles blancs caucasiens pourraient-ils nous délecter de quelques images drôles et bien senties, dont ils ont le secret, sur cette forme de contradiction?
J’en doute. Aussi faudra-t-il reconnaître que tout en se croyant drôle et populaire,  il est possible d’être vraiment con. Mais d’une connerie que la métaphore fatalement aggrave; con comme une bite, et encore, une petite bite. Car je suis sûr que quelque part il en existe de bien grosses qui, bien que ne sachant ni lire ni écrire, ont fait fortune.

L’empereur et la grand-mère

Un mien correspondant, dont le zèle n’a d’égal que le mauvais esprit, m’apprend à l’instant le tout dernier titre dont peut dès à présent s’enorgueillir le déjà multi-mandaté député de la sixième circonscription du Bas-Rhin; rien moins que Président de la commission arctique de l’Assemblée Nationale.

C’est médiatiquement anorexique, intellectuellement douteux et politiquement navrant. Gageons que le nouvel élu saura, avec l’efficacité qui lui est coutumière, utiliser au mieux ce mandat qui s’ajoute à une liste déjà bien pléthorique sur une carte de visite qui nécessitera bientôt un format raisin.

Les électeurs locaux se réjouissent déjà de voir la lanterne de leur intelligence éclairée,  avec brio certes, sur les enjeux polaires mais surtout sur les moeurs et les pratiques sexuelles des phoques à un moment où le débat sur le mariage pour tous et ses multiples corolaires crispe quelque peu les rapports entre individus, tant dans l’hémicycle que dans la rue où se trouvent, on le sait depuis que Nietzsche nous l’a appris, “les vrais problèmes”.

C’est cette période de crispation certaine qu’ont choisi les responsables de la revue culturelle alsacienne de référence, qui vivent dans  la même région que vous et moi mais assurément pas sur la même planète, pour consacrer leur livraison trimestrielle à Napoléon qui, chacun le sait, est un sujet éditorial hautement plus représentatif de la culture ou des enjeux en Alsace que par exemple un vague projet de référendum sur le futur projet de conseil unique.

Oui l’Empereur, pas celui de la banquise, celui des français. Avouez que la transition était toute indiquée. Napoléon en Alsace? Sans doute une faveur en retour d’ascenseur éditorial à leurs homologues corses qui viennent de publier un numéro spécial choucroute…

Cela me fait penser avec respect et émotion à la grand-mère d’Alexandre Vialatte, auteur français du siècle passé dont je ne saurais trop recommander avec autorité la lecture des chroniques, dont l’intégrale vient enfin de paraître dans la collection Bouquins des éditions Laffont, histoire de se rendre compte avec honte de ce que pouvait être la qualité d’écriture et l’exigence rédactionnelle d’un quotidien régional à cette époque pas si lointaine où les journalistes savaient écrire.

Cher Alexandre, toi qui utilisais de manière toujours inattendue  et dans un parfait effet comique récurent les propos désabusés de ta grand-mère, comme pour cristalliser son incompréhension de ce siècle tourmenté que fut le précédent, sous la forme d’un “où va-t-on?” répété plusieurs fois par jour, j’ai pour toi d’excellentes nouvelles. Tu nous manques cruellement mais, si tu étais là, un peu que le coeur m’en fendrait de te dire que j’ai la réponse à la question usée jusqu’à la corde de ton aïeule. On n’y va plus; on y est. En plein dedans. Ca sent pas bon et on en a jusqu’au cou.