Ecrire sur les murs

Sans paroles forcément vu l’actualité si riche en non évènement qu’on se demande comment qu’ils font pour nous tendre tant de bâtons afin de se faire battre….

Précision :  c’est vraiment le salon mondial de l’horlogerie, et c’est vraiment en suisse comme chaque année à la veille du salon du livre de St louis… où qu’on sera bien sûr…

Miguel et William vont en auto

librairkebab096

Hier, vingt trois avril, ceux d’entre nous que l’on peut encore compter parmi les derniers membres de cette espèce en voie de disparition que sont les lecteurs, fêtaient la Saint Georges. Parmi eux, un certain nombre de librairies qui ne fêteront l’évènement que samedi pour cause de calendrier capricieux et de disponibilité plus grande des lecteurs clients. Le vingt
trois avril est également la date anniversaire des naissances de Cervantes et Shakespeare ; excusez du peu. L’un des deux est également décédé ce jour là mais je ne suis jamais fichu de me rappeler lequel. On voudra bien me pardonner cet oubli alors que j’explique, en bon pédagogue, que c’est précisément pour cette raison que la noble corporation des libraires a choisi cette date anniversaire prestigieuse pour faire de l’archange célébré ce jour là son saint patron. Qu’en est il des libraires de Pékin , Tel Aviv ou Dubaï ? J.’avoue ne m’être jamais posé la question ne fréquantant que des librairies européennes. On l’a échappé belle, comme disait Louison Bobet, à quelques mois près Marc Levy et Guillaume Musso, respectivement nés en octobre et juin se retrouvaient en compagnie inestimables et nous la jouaient fils du destin… Les lecteurs de la vallée de la Bruche, ce qu’il en reste en tous les cas, devront accuser un bilan carbone écologiquement innaceptable et moralement douteux si ils veulent, ce jour là, fêter dignement l’évènement en franchissant le seuil d’un des derniers commerces culturels de proximité de ce pays, emblématique d’une soit-disant exception si française : j’ai nommé la librairie indépendante. En effet, aucune librairie ne figure sur l’axe Strasbourg-Schirmeck, sauf à chacune des extrémités du-dit axe. (désolé, la très belle librairie d’Obernai est située sur un autre axe).
Vos élus s’en foutent comme de leur première carte électorale, c’est dire si ça peut donner une idée de l’infini. Ils sont bien trop accaparés les pauvres chéris, c’était hier en une du torchon libéro- réactionnaire local, à célébrer la future saison trois du feuilleton touristique le plus pourri, tout de suite après celui du Bioscope, qu’ai jamais vu ce pays ; Rallye de France le bien nommé.
En gros, il ne s’est rien passé le sept avril. Vous étiez pourtant un sacré nombre à envoyer quelques signaux relativement faciles à décrypter. Il faut croire que les spécialistes en communication des néo-aspergers enrubannés de tricolore aux commandes n’ont toujours rien compris au film, ou peut etre sont-ils déjà en recherche d’emploi?
Je n’ai ni le courage ni le temps de chercher la date de naissance de nonuple 1er, roi des joujoux pour caricature de mâle dominant. Il y a forcément un correspondant qui me la communiquera. Je suggère à un zélé anonyme de la proposer en séance pleinière comme date de deuil officiel de la culture en Alsace. D’ici à ce que Richert soit né le même jour, ce serait carrément monstrueux non ? Certes on a les déceptions qu’on peut, mais un fait est sûr : on a les Cervantes et les Shakespeare qu’on mérite !

Brins de muguet

Pour ceux qui n’arriveraient pas à se concentrer sur le texte explicatif du visuel ci-joint pour cause de distraction, je récapitule.
Le premier mai de cette année 2013 (c’est dans fort peu de temps…),
nous serons trois dessinateurs (pour l’instant) à exposer nos effronteries à la Stub des deux étangs au rond point d’Heiligenberg qui, comme son nom l’indique, se trouve plutôt loin de novosibirsk et plus précisément sur l’A35 direction Schirmeck. De toutes façons la bande de monomaniaques super hype que vous êtes tous a déjà tapé les trois double vés de référence et savent sur l’heure où cela se trouve.
Nous vous convions donc à un jour chômé et férié où nous serons les seuls à travailler, occupés à vous dédicacer nos ouvrages de grande qualité pour le plus grand plaisir de pouvoir satisfaire votre addiction consumériste, même en ce jour symbolique pour lequel vos pères et mères ont lutté corps et âmes face au grand capital esclavagiste.
Il y aura des livres (plein), des dessins (très beaucoup), des tableaux, des magazines (Heb’di et tout le staff du magazine; c’est le redac-chef qui a posé pour l’affiche (au premier plan…)  et plein de tout ce qui fait des délices autrement plus corrosifs que ce que vous livre quotidiennement le tract pour hypermarché dépassé qu’est devenu votre journal local. Il y aura bien sûr à boire et à manger, car on sait bien que vous vous déplacez plus difficilement si il n’y a pas pitance à proximité. Et là ; Dieu que la tarte flambée est bonne.
Pour l’occasion, comme on ne vous sert pas de réchauffé, je vous présenterai en avant-première mon tout dernier ouvrage, dont vous recevrez bientôt le visuel de promotion comme on dit dans le vaste monde du commerce.
Et j’essaierai même vainement de vous le fourguer pour la modique somme de neuf malheureux euros et quatre vingt misérables cents (pour deux exemplaires ça se négocie, on ne laissera pas dire que je suis un type qui n’a pas d’écoute…)
Bref on en reparlera, mais en attendant reservez votre mercredi premier mai à défaut de réserver votre ouvrage dédicacé. Pas de soucis, j’ai de la réserve.
Affiche_1er mai 2013_Dessinateurs à la Stub

Préliminaires et simulations

Et si toute cette déroute, car c’est quand même d’une déroute dont il s’agit, pouvait trouver un semblant d’amorce d’explication dans la gigantesque faillitte de tout un système de séduction; avec ses pistes brouillées, ses avancées hésitantes, ses approches confuses , ses préliminaires interminables et pour finir sa panne sur la fin.
La mariée ne manquait pourtant pas de séduction, mais comment se fait-il que tout soit parti en jus de boudin, alors que tout avait été réglé pour que ce soit un feu d’artifice ?
Peut-être immensément lasse d’entendre toutes ces palabres autour de préliminaires qui n’en finissaient plus, a-t-elle utilisé le plus vieux truc du monde pour se débarasser de prétendants prétentieux et un peu légers sur la durée.. vite fait, bien fait. Genre “lapin lapin, entre et viens !”…
Et au matin voilà que tout ce beau monde s’est retrouvé avec un sacré mal de tête non ?
Le seul qui peut avoir des raisons de se féliciter dans cette histoire est  le pharmacien et  pas seulement d’un point de vue prophylactique, non; mais deux cent cinquante cinq mille migraines ça fait du chiffre et de l’effervescence…. Certes plus dans le verre que dans la chambre à coucher…

cinquante nuances

Bistrot et Caran d’ache

Entre le dessinateur et la Russie c’est une vieille passion qui ne date pas d’hier. La langue russe a donné à tous les agités du crayon deux des mots les plus emblématiques de leur vocabulaire : bistrot, qui est en quelque sorte à la fois le bureau et le temple d’inspiration de tout ce qui s’écrit et se dessine, et karandacho qui, francisé autant que franchisé par les suisses, a donné ce qui se fait de mieux depuis des décennies en matière de crayons de couleur. Aussi lorsque l’on tient la mauvaise boisson et les crayons de couleur bas de gamme pour les plus redoutables ennemis de la profession peut-on estimer les présentations faites et le décor campé.
D’une enfance passée en Lorraine, endroit idéal s’il en fut pour grandir et s’épanouir à condition d’être une mirabelle, j’aurais gardé principalement une prédisposition à l’anticommunisme primaire, ainsi qu’à l’ensemble de ses corollaires culturels, sévèrement cultivé à l’école et fièrement relayé à la table des repas si un miracle littéraire ne s’était produit. Je ne serais jamais assez reconnaissant à la météorite de la littérature russe d’avoir heurté ma petite cervelle à un moment où elle était bien partie pour n’avoir du temps de disponible que pour ses soeurs consanguines et hystériques françaises et anglo- saxonnes. La galaxie littéraire russe peut à juste titre être comparée à la bataille de Stalingrad ou à celle de Little Big Horn : c’est le seul exemple dans l’histoire littéraire d’une armée d’écrivains sous équipée capable d’encercler une armée d’écrivaillons à l’ego surdimensionné et de les ridiculiser en ne leur laissant à l’issue de l’affrontement que leur reliure en carton à machouiller dans le bruit assourdissant des lamentations de leurs éditeurs, des pleurs de leurs critiques névrosés et l’applaudissement des lecteurs et des libraires comme en transes… J’entends tout de suite les cris horrifiés des experts en stratégie : le septième de cavalerie n’était qu’un régiment ! Certes, mais Custer et Paulus ont commis la même faute : ne jamais sous estimer l’indigène ! Ne croyez pas que l’on s’éloigne du sujet. On en a jamais été aussi près. Le sujet est un film documentaire sur une femme extraordinaire qui vivait et enseignait à Fribourg . Le titre du film est “La femme aux cinq éléphants”. Les cinq pachidermes en question sont les cinq oeuvres majeures de Dostoïevski, le type qui affirmait, à raison, que “la douceur et la beauté sauveront le monde”. La dame s’appelle Svetlana Geier, elle a passé sa vie à traduire ces cinq mastodontes littéraires de leur langue natale à sa langue d’adoption : l’allemand. Car je ne vous l’avais pas encore avoué; il s’agit aussi de langue allemande.
français langues étrangères
Il n’est pas besoin d’avoir lu les fameux pachidermes pour venir voir le film, il va vous paraître difficile de ne pas avoir envie de les lire après l’avoir vu (et lu, car depuis l’évangile selon st Jean-Luc (Godard) tout le monde sait qu’un film se lit). Personnellement je les (re)lirais bien, ces pachidermes dans l’excellente nouvelle traduction de Markowicz ( je ne les ai jamais lus que dans celle de Boris de Schlozer) mais je manque de fonds en ce moment et j’attends à vrai dire, qu’on me les offre. Ce film dépasse de bien loin les limites du seul cinéma ou de la littérature, ce film est une leçon de vie et d’autorité, de vérité et d’authenticité. A l’origine je devais écrire un réquisitoire contre la suppression de l’enseignement de la langue russe dans un lycée strasbourgeois. Mais j’aurais manqué de place et la chose aurait tourné au vinaigre politique un peu frelaté. Dieu sait si ces derniers temps ça frelate sec… Le choix est simple en fait, bien plus simple que de répondre à la question suicidaire du referendum du sept avril (les mois d’avril sont souvent meurtriers, mais la baston au conseil régional est loin d’égaler celle en vigueur à la cour des Romannoff) : soit on aime les langues russes et allemandes et l’on soutient leur enseignement, ici, en Alsace mais aussi partout ailleurs, en dehors de toute considération budgétaire mais aussi au même titre que cette saloperie de wall street english qu’on laisse machouiller n’importe comment à nos enfants, soit on est pire qu’un social traître jacobin vendu à l’appareil d’exportation culturelle américain; un ennemi de la race humaine !
De même soit on vient, le seize avril à vingt heures au cinéma Le Rohan à Mutzig voir le film extraordinaire de Vadim Jendreyko, dont on nous annonce la possible présence, l’homme vivant pas très loin de notre vallée, soit on passe vraiment à côté d’un grand moment d’humanité. Et puis, après toutes les conneries qui ont pu être dites lors des derniers évènements politiques alsaciens, ça vous fera vraiment du bien d’écouter quelqu’un de vraiment, vraiment intelligent. Je ne parle pas de moi qui, après sollicitation de la direction de la Médiathèque, a accepté d’animer un petit débat après le film; je parle bien entendu de la grande, l’immense, l’hymalayenne Svetlana Geier, auprès de laquelle je ne suis même  pas un nain !
Voici la bande-annonce du film :

Je n’irai pas…

Dimanche prochain un quarteron de politicards, gouvernants de rencontre proches de la retraite et tout de tricolore enrubannés, cédant à la panique d’une réélection plus que compromise et prétextant une simplification administrative tenant plus de la mystification électoraliste à portée soit disant historique que de l’exercice de la démocratie, vous demanderont de livrer cette région à leurs incompétences multiples et répétées. Chacun est libre, bien entendu de se prononcer. Mon premier élan, après réflexion, était de les censurer catégoriquement mais, après le triste spectacle des basses manoeuvres de ces dernières semaines, ma décision est arrêtée : je n’irai pas voter.
bourreaux de vote
Pour moi, y aller, c’est cautionner des décennies de dérives financières, de choix politiques et idéologiques désastreux et d’abîmes culturels sans noms, qu’une alternance politique, quelle qu’elle soit, ne ferait que pérenniser. C’est regarder, tels des simples d’esprit, le doigt du sage qui montre la lune, c’est reconduire un nouveau bail au propriétaire véreux qui n’a rien fait d’autre depuis les trente dernières années que vous augmenter le loyer et les charges en vous faisant fantasmer sur l’accès à la propriété. Y aller, c’est confier les clés du bar à votre vieil oncle poivrot sous prétexte qu’il vient de s’inscrire aux alcooliques anonymes, c’est s’absenter en laissant la boîte d’allumettes bien en évidence sur la table après avoir fait promettre à l’enfant de surtout n’ouvrir à personne…
Enfin, y aller, c’est pour la énième fois se résigner à ramasser ce qu’il reste de miettes avec une pensée émue pour nos grands-pères qui se font fait dégommer en beauté alors qu’ils ne demandaient qu’un peu de pain… Pas plus que de pain je ne veux d’un mille feuilles du futur conseil unique, bricolé dans les arrières cuisines des partis, d’après une recette surannée à base d’ingrédients à moitié pourris et périmés. Je veux plus. Je veux toute la boulangerie ! Je veux tous les sacs de farine ! Je veux les champs de blé, les moulins, les moissonneuses batteuses et tout le saint frusquin ! Dois-je continuer ou faut-il vous faire un dessin ? Je peux m’appliquer savez-vous, lorsque je suis motivé…
Je veux bien me faire baiser pour un oui ou pour un non, j’accepte même qu’on me raconte tout un tas de conneries pendant qu’on me tabure, qu’on me malecule, qu’on me catère et me créponne, j’ai moi-même, du temps de ma jeunesse, eu la galipette bavarde et le coït déclamatoire… Mais qu’on me demande l’effort supplémentaire de crier haut et fort que ça va repousser les limites du sismiquement acceptable d’un point de vue émotionnel sur l’échelle de Richter, alors que tout le monde sait pertinemment que ça promet d’être si nul à chier que ça va tous nous  “ressortir par l’entrefesse en nous salissant tout autour“, ça, c’est vraiment trop.
bonchour