Comme vous l’aurez remarqué par la réception d’un mail étrange vendredi dernier, je vous confirme que ma boîte mail a été piratée ! Je ne me serais jamais permis de vous envoyer un tel mail !
Je vous rassure ! Je ne suis ni à Abidjan ni à Londres, je vais là où mon vélo me mène, c’est-à-dire toujours presque tous les matins à Mutzig.
J’ai été très touché par toutes les personnes qui ont pris de mes nouvelles ces derniers jours.  Merci vraiment de vous être inquiétés pour moi !
Vous pouvez donc dorénavant me joindre l’adresse mail indiquée dans la colonne de droite ou par la page de contact.

Lalique ta mère

Au début du mois de mai s’est tenue la trentième édition du salon du livre de Saint-Louis dans le Haut-Rhin. Superbe brochette d’invités. Plateau riche et diversifié d’auteurs et d’illustrateurs tant régionaux que nationaux. Affluence record, gros succès populaire, médiatique et politique. Que du bonheur sur trois jours de fin de semaine. Le vendredi soir, un cocktail était organisé à la médiathèque attenante pour célébrer la remise d’un prix littéraire dont on voudra bien me pardonner d’avoir oublié l’intitulé exact. Avisant un carton d’invitation négligemment abandonné par un invité, quelle n’est pas ma surprise d’y voir mentionné le nom du président du Conseil général d’Alsace. La manifestation tire à sa fin et, comme tout bon auteur pique-assiette qui se respecte, je suis arrivé en retard. Aussi me faut-il, avant de me réjouir faussement, m’enquérir de cette info essentielle : Philippe Richert aurait-il été présent ? Sans grande surprise la réponse est bien sûr négative. Focalisons-nous plus précisément sur la situation. Vous êtes le premier personnage politique d’une région et membre du jury d’un prix littéraire qui sera remis lors d’une manifestation à laquelle la stature même de votre personne vous confère l’obligation d’assister. C’est vendredi soir, et vous n’êtes pas foutu d’être là. Soyons un peu plus précis, ou spécifique comme disent nos amis outre atlantique. Il y a moins d’un mois, une consultation électorale qui devait assurer votre triomphe, voire votre sacre politique, s’est transformé en berezina et seul votre ego surdimensionné,  associé à une cécité foudroyante, arrive à vous maintenir en place. Pour un être normalement constitué la manifestation littéraire ludovicienne était l’occasion idéale, après le camouflet haut-rhinois, de venir s’expliquer, trouver une dimension humaine, enterrer la hache de discorde, fumer le calumet électronique de la paix. Faire un geste quoi. Non ! C’eut été trop demander. Quelle tristesse. Quel pathos! Les deux seules fois (car c’était la première et la dernière) où nous avons pu bénéficier de la visite lumineuse de Philippe Richert à la foire du livre de Saint-Louis, c’était lors de l’édition précédent les élections régionales qui allaient consacrer le succès de sa liste et le placer à la tête du Conseil régional d’Alsace. Il y présentait un ouvrage aux accents autobiographiques sous forme de profession de foi. Il y dédicaçait chichement sa prose à quelques léche-culs de service en compagnie de son ami politique Troesstler, auteur chez le même éditeur, qui peu de temps avant via le Conseil régional, venait d’accorder une subvention de quinze mille euros (quand la moyenne se situe entre mille et trois mille) à leur éditeur commun pour la réédition d’un ouvrage augmentée d’un corpus iconographique. Vous avez bien lu ; quinze mille et réédition, et votre cerveau malade et parano n’a pas osé imaginer un seul instant une collusion de type quelconque entre amis auteurs politiques et éditeur. Ajoutons pour la bonne humeur que l’ouvrage en question n’a pas été imprimé en Alsace (amis de la filière imprimerie alsacienne qu bord de l’asphyxie bonjour !) et que son lieu d’impression, au mépris des règles les plus élémentaires de l’édition, n’est pas indiqué… (je peux me tromper et avoir mal regardé, mais dans ce cas là je ferai amende honorable…) Le président élu récidivera peu de temps après en accordant une subvention à un ouvrage imprimé cette fois…en Chine! Allant même jusqu’à s’émerveiller du savoir-faire des imprimeurs d’extrême orient en conférence de presse, sans sourciller et sans provoquer le moindre émoi chez les thuriféraires du landernau médiatique local, tous une main sur la couture du pantalon et l’autre sur le bloc-notes. Un vrai titreur, si ce métier existait encore, dans la presse ailleurs qu’à Libération aurait osé “Richert soutient la filière  Alsiatique !”. Mais j’invective à outrance, et on me soupçonne d’une mauvaise foi digne du premier défroqué venu. Philippe Richert aime les livres. J’en veux pour preuve les mille exemplaires de la biographie d’Adrien Zeller qu’il a achetés et qu’il a adressé à chaque maire des deux départements alsaciens. A-t-il dédicacé chaque ouvrage ? C’est l’éditeur qui doit être content. Ira-t-il jusqu’à publier le prochain chef-d’oeuvre de Richert ? On surveille. Le président fait grand cas des lettres vous l’avez donc compris.  Mais il faut reconnaitre que ses priorités sont ailleurs. Il préfère aller soutenir la pitoyable aventure d’un club de foot en terre lorraine, reconduire des subventions  exhorbitantes à un ex-enfant du pays éxilé fiscal en Suisse et caricature de mâle pollueur ambulant de l’oxymore “sport mécanique”.

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Mais surtout, il préfère aller s’abîmer dans la contemplation du gouffre financier qu’est devenu son musée de Wingen-sur-Moder. Le site d’information Rue 89 à Strasbourg s’est fendu à ce sujet d’un article qui vaut le déplacement. Les chiffres s’alignent, les bilans s’enflamment, les glottes se rétractent, le rythme cardio-vasculaire du contribuable s’affole. C’est incroyable la facilité déconcertante avec laquelle on peut dépenser le fric quand il ne vient pas de son porte monnaie… Seule la poésie pourrait traduire ce sentiment. Mais ses amis politiques du Conseil Général dans un élan de lucidité, comme vous pourrez le lire en détail, viennent de le rappeler à l’ordre. Qu’à cela ne tienne, il a mis un point d’honneur à présider l’inauguration de la nouvelle expo. J’en ai lu le compte rendu dans le tract néo libéral local. Que du beau, des Hi , des oh, des ah, des uh, on aurait cru les voyelles de Rimbaud déclamées par un pensionnaire de la comédie française. Aucun mot bien sûr sur les infos du site strasbourgeois, comme quoi  cette presse est bien celle-là même que le grand Karl Krauss dénonçait déjà en des heures sombres “faite par des individus qui sont là parce qu’ils ont échoué dans tous les autres métiers…”

Mais Wingen-sur-Moder est si loin de Saint-Louis. Laquelle Saint-Louis n’est pas si loin du Lot et Garonne quand on y pense non ? Ah zut, j’avais donné ma parole qu’on n’aborderait pas ce sujet… La honte sur moi, mes excuses les plus sincères et passez un bel automne parce que l’été, n’est ce pas, vous m’avez compris…

Por lire l’article de Rue 89 Strasbourg, cliquez ici

Qui craint le grand méchant mou ?

J’aurais pu aussi bien écrire “La philosophie dans le foutoir”.

Pas sûr que Franz Niederland le premier d’entre nous  ne se soit pas senti interpellé par l’un des sujets de l’épreuve de philosophie de l’édition 2013  du baccalauréat :

“Le langage est-il un outil?” On imagine sans mal que cet ancien énarque, donc forcément d’un niveau académiquement relevé, aurait rendu une copie bien pertinente, à la construction élaborée et dont la conclusion logiquement ouverte n’aurait pas manqué de s’interroger sur la nécessaire obligation de bientôt changer de caisse à outils… Comme citation, on aurait pu trouver un peu de rhétorique de feu Mao “il n’y a pas de mauvais outils, il n’y a que des mauvais ouvriers”, sans oublier la métaphore du cousin tibétain bien de circonstance “il n’y a pas de petite porte , il n’y a que de petits frappeurs”… Ah ces asiatiques et leur champ lexical bien répétitif ; quel talent, quelle liberté de ton, quel minimalisme et quel raccourci bourrin dans la logique… Comme disait Marlène chez Audiard ” ils boufferont pas toujours du riz”…

En parlant de raccourci bourrin : dans frappeur il y a peur, aussi la question vient-elle à point me tarauder : à qui Hollande peut-il faire peur ? Pour peu qu’il ait fait peur un jour à qui que ce soit….

Et pourtant.

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Oui et pourtant, après le si médiatisé discours du Bourget aux accents jauressiens surqualifiés par les commentateurs du vide politique français précédent toute élection présidentielle, on était un tantinet en droit d’espérer non ? Allez, pas vraiment la terreur, mais au moins une petite inquiétude chez certains acteurs de la vie politique et économique au comportement un peu cavalier, à la morale un peu élastique, pas vraiment raccord avec les règles en vigueur, on se disait ça y est, il nous refait le coup du père Pasqua (Charles, pas François), il va “terroriser les terroristes!” Ah ? Un an après, l’ennemi déclaré du candidat n’est pas plus terrorisé qu’un pot de yoghourt seul face à une armée de petites cuillères à la cantine scolaire et il faut bien avouer que Marianne s’est perdue dans la nature avec son petit filet à papillons, alors qu’on lui avait prédit qu’elle rattraperait tout lépidoptère frauduleux pour l’épingler en direct sur le mur du journal de vingt heures…

Franchement, qui, dans ce pays, peut croire à un moment donné, que le plus riquiqui des paradis fiscaux soit en mauvaise posture et que les fraudeurs puissent connaître l’horreur de l’insomnie? Quel grand patron ne tombe pas dans l’instant mort de rire en entendant l’actuel ministre de l’économie et des finances parler “d’autorégulation exigeante”, sachant parfaitement que deux années seulement passées à la tête d’une grande entreprise lui garantissent une retraite chapeau, alors que le moindre pékin de base, qu’il peut délocaliser sans sourciller pour le plus grand bonheur de ses actionnaires, va devoir s’en farcir plus de quarante, des années, avant de remiser casquette et boite à outils ; oui , rappelez-vous : langage, outil, philo, le bac , ascenseur social etc etc ….

Pour en finir avec les chapeaux : un coup pour nos concitoyens helvètes qui ont adopté par referendum deux mesures symboliques peu banales. D’abord, une interdiction pure et simple des parachutes dorés, ensuite l’obligation de consulter les  actionnaires sur les différentes rémunérations des dirigeants. Vous avez bien lu ; par referendum. Vous savez, cette consultation citoyenne de base que les incapables en charge de la région Alsace ont réussi à faire foirer. Sans doute une question d’outils adéquats. Mais comme disait Mao….

La décroissance enfin !

Il serait grand temps de songer à reconsidérer la vie de ce pays et du reste des pays sous un angle autre que celui de la foutue irrrémédiable croissance…

Quand on les voit regarder leurs indices à coup de zéros derrière les virgules qui trahiraient les frémissements d’une reprise, on se prend à penser à l’archétype du vieil oncle nonagenaire qui fait la honte dans les réunions de familles en ne parlant que de sexe, en se marrant à gorge déployée… tout en sachant que tout ça est bien derrière lui… Vous pouvez bouffer tout le viagra que vous voulez rien n’y fera… C’est l’imagination et le désir qui transforment le spaghetti mou en corde magique des mille et une nuits qui se dresse au son de la musique enivrante d’une Sheherazade à la sensualité pas du tout virtuelle…

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Honnêtement, y a-t-il quelque chose pour faire mouiller les pekins moyens dans les promesses de ces derniers mois…? C’est à qui la raménera le plus fort pour faire savoir qu’il a la plus grosse, mais au bout du compte dans les chaumières ?

C’est le règne du tout mou qui tel un lierre a tout envahi…
Il va falloir se resigner à l’accepter : hors la décroissance point de salut.
Aussi rien que s’habituer à prononcer le mot peut-il consister en un premier pas salutaire… Pour en savoir un peu plus et mourir moins idiot, on peut aussi lire l’excellent mensuel qui affiche ce programme en titre. Ce qui se fait de mieux en écologie politique donc en écologie tout court et qui fête ce mois-ci son centième numéro.
Bon dimanche, et à lundi
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La petite bête qui monte qui monte…

Il flotte comme un doux parfum de répétition générale porté par une légère brise marine sur l’election legislative partielle de la troisième circonscription du lot et garonne. C’est le huitième siège de député que le parti socialiste perd en un an et sa majorité absolue commence à en prendre un sérieux coup dans l’aile… Bien sûr tous les cadors médiatiques et politiques ont appellé au sursaut républicain pour faire barrage à la petite bête qui monte qui monte et pas seulement dans les sondages.
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A moins d’un an des élections municipales, ainsi que je l’écris en introduction dans mon joliement beau recueil de dessins (soixante quatre pages ; neuf euros et quatre vingt cents : une paille !) “nous y sommes…”
allez, toute cette semaine : un dessin par jour pour fêter, enfin, l’arrivée de l’été. Et aujourd’hui : deux…

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