Eléments de langage et tarte flambée

Quelque part c’est tellement absurde que ça en devient comique sous sa forme la plus implacable; celle d’un désespoir sans issue.

Ce sont bien trois nouvelles fonctions qui vont constituer l’architecture des futures grandes régions issues de la loi sur la réforme territoriale. Après le “référentiel bondissant” pour le ballon et “se déplacer horizontalement dans un milieu aquatique profond standardisé”  pour “aller à la la piscine”, tous deux fruits de l’imagination débordante des petits génies de l’éducation nationale, le vocabulaire administratif territorial s’enrichit de trois nouveaux titres bien ronflants qui vont certainement faciliter la transparence et la gestion. C’est assez étrange d’assister au spectacle d’une administration incapable de reconnaitre ses parlers vernaculaires et en même temps se perdre dans la corruption totale de sa langue officielle… C’est surtout pathétique que personne ne réagisse…N’allons-nous pas finir par, non seulement nous  retrouver dans l’incapacité de nous comprendre les uns avec les autres, mais surtout face au cruel constat que nous n’avons plus rien à nous dire…?

SIMPLIFICATION
En ce premier mai, soutien aux travailleurs de France Télévisions.
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En attendant, vous êtes tous les  bienvenus pour venir échanger à la Stueb des deux étangs à Heiligenberg. nous y exposons à plusieurs comme chaque premier mai dessins, livres et tutti quanti. Histoire de constater que le moral est bon et que le seul endroit où l’on trouve des livres dans le désert culturel qu’est devenu cette vallée est un restaurant qui sert une excellente tarte flambée.  Comme parcours de manifestation du premier mai, il y a pire. Aussi serons-nous tous d’accord sur le nombre de participants; police et organisateurs…il devrait  aussi y avoir quelques brins de  muguet.
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LA MESSE EST DITE

L’évènement culturel de cette semaine est la Buchmesse de Saint-Louis. Haut-Rhin  bien sûr, pas Missouri.

Dans une région au bilinguisme revendiqué, j’emploie volontairement le terme germaniste pour évoquer une manifestation d’envergure, vouée à la défense et à l’illustration du livre. Non seulement pour faire plaisir à mes amis régionalistes mais surtout car la langue allemande, dans ce cas précis, me semble plus évocatrice autant qu’appropriée. Là où langue française, pour ce qui concerne le livre tient “salon”, va à la “foire” ou fait la “fête, la langue allemande, elle, se rend à la messe. Cela me ravit que l’on puise dans le vocabulaire religieux pour désigner un évènement économique et festif lié à un objet si important pour le développement de notre vie spirituelle et celui de notre vie tout court. Ca me renforce dans ma foi en l’homme, ça me console face à la vaste imposture numérique, ça m’aide à bien marquer mon attachement viscéral à la lecture et à l’écriture tel le fidèle à son Eglise, le lapin à sa garenne, le croissant à sa tasse de café.

Pour les autres, les tenants de la toute laïque post-modernité, la Foire du livre de Saint-Louis se tient ce vendredi, ce samedi et ce dimanche (non, je ne céderai pas à la facilité d’employer un mot anglais pour designer la  fin de semaine). Je ne vous ferai pas le coup de l’évènement incontournable, c’est votre droit le plus strict d’avoir piscine, tennis ou un anniversaire de mariage. Rassurez-vous, le chef de l’état non plus n’y assistera pas, ayant dépassé son quota de déplacements en Alsace. La ministre de réfèrence, dont on sait depuis peu qu’elle n’a pas le temps de lire, sera pour sa part au salon international du selfie. Quant au chef de l’exécutif régional, vous plaisantez , j’espère…

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VINTAGE

La palme de la petite phrase réactionnaire au chef de l’état qui croit faire de l’humour en caricaturant les éléments de langage de la blonde bleu marine.

Aller se compromettre avec de tels propos sur la chaine qui peut se vanter d’avoir fait rentrer le cul télévisuel le samedi soir des années quatre-vingt dans les ménages, c’est tout simplement ringard. Pas de doute, la nostalgie joue à fond.

On se plait  à imaginer la blonde sur Europe un balancer un soir d’élection “Taisez-vous Elkabach!…”

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Manustrupation dans les wagons

ou petite poucette en gants de boxe.

A ceux qui n’ont pas eu, tel l’académicien Michel Serres, la chance de savourer les délices d’une éducation classique je me dois d’expliquer le mot précieux figurant en titre de cette chronique. Si la première partie faite de “manus” est aisément compréhensible, la deuxième, dans l’étymologie du mot qui nous intéresse, est faite de “stuprum” qui, dans la langue de Virgile, désigne la pollution. Le cruciverbiste en herbe ainsi renseigné n’aura aucun mal à solutionner le vide de neuf cases blanches correspondant à la définition familière d’une pollution de la main par le terme joliment fleuri de “branlette”. J’imagine sans grand effort les plus dubitatifs d’entre vous aller sur le champ (statim) vérifier sur leur encyclopédie en ligne. Gens de peu de foi ! Je tiens cela de mon Gaffiot, qui est à la civilisation latine plus que l’autorité supérieure, l’intelligence incarnée. Un peu ce qu’était au syndicalisme le code du travail avant que le social traitre Emmanuel Macron ne projette de le transformer en bible obsolète. Oui mais la pollution manuelle dans tout cela ? J’y viens. J’ai besoin pour cela de convoquer, à nouveau, le philosophe Michel Serres, ancienne gloire de la pensée française échouée sur les bancs de l’académie du même nom, ainsi que la ministre Fleur Pellerin, icône évangélisatrice de la bonne nouvelle numérique. Où ? Dans un endroit très prisé des foules qu’ils n’ont pas dû fréquenter depuis belle lurette : les transports en commun. C’est une décision judicieuse et bien compréhensible car ainsi s’épargnent-ils le spectacle affligeant auquel il m’est donné d’assister quand il m’arrive de prendre l’omnibus me ramenant dans ma vallée alsacienne et la chaleur de ses feux.

A longueur de rame, ce n’est que rangées de gens jeunes, moins jeunes et franchement vieillissants, impassibles. Prostrés, la tête tombant lourdement vers l’avant, les oreilles couvertes par des écouteurs. Abîmés dans l’agitation frénétique de leurs deux pouces autour de vingt centimètres carrés de post modernité.

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Des wagons entiers d’autistes occupés à s’astiquer en choeur et en toute indifférence. C’est triste. C’est navrant. C’est vraiment dégueulase. Quelque part je ne peux m’empêcher de penser que la véritable pornographie s’étale là, dans cette soumission collective de deux mille ans de civilisation à une technologie avilissante, alors que la sonnette d’alarme est tirée par pléthore de professionnels qui commencent à diagnostiquer les premiers symptômes de pathologies inquiétantes.

Au moins les adolescents obsédés que nous étions, quand ils se polluaient la paluche sur des images de jeunes femmes lascives qui sytématiquement oubliaient d’enlever leurs chaussures en posant nues sur des lits toujours défaits, ces adolescents là faisaient travailler les cinq doigts de leur main ! Aucun d’eux n’est devenu sourd en dépit de la lourde promesse que le bon sens religieux et populaire faisait planer sur eux par de telles pratiques authentiquement divertissantes autant qu’hygiéniquement récréatives. Ces gamins qui s’astiquent un nombre hallucinant d’heures quotidienne sur leur quincaillerie d’humanité par l’agitation de leurs deux pouces augmentée, qu’en pensent-ils?

Qu’en pense le grand philosophe vendu aux marchands de progrés et sa  petite poucette si médiatisée? Qu’en pensent les adultes et parents qui, eux les  premiers, ont payé pour ces saloperies sans nom ?

Il y a pas mal de temps, lors d’une de ces réunions de parents d’élèves où chaque pédagogue qui sommeille en nous tient à prendre la parole fort de détenir une part conséquente de vérité, je me suis honteusement fait remettre à ma place, non sans avoir dû endosser l’uniforme du pire des réactionnaires de la soirée. Alors que j’essayais naïvement d’éveiller la conscience d’une sympathique mère de famille sur les dangers potentiels des écrans déjà si envahissants, je m’étais fait répondre d’un air moqueur qu’il fallait faire confaince aux thérapeutes du futur. Je vous parle d’un temps où la moitié d’un wagon lisait et l’autre échangeait d’un air détendu sur les  joies et les peines de la journée.

Je me suis malencontreusement cogné à la même mère de famille dans la rue il y a peu. La charmante personne n’avait  pu m’éviter, tout occupée qu’elle était à suivre, sur sa saloperie six point zéro, la bonne parole du nouvel évangile de la modernité que la petite Fleur délivre sur son compte twitter. Elle sortait, m’avoua- t- elle, de chez un énième thérapeute ayant échoué à délivrer son enfant, pourtant bien éloigné de l’enfance, d’une addiction croissante au dernier opus de la marque à la pomme croquée. Je ne suis d’aucune Eglise, diplômé d’aucune faculté, détenteur d’aucune autorité médicale. Je lui ai juste proposé un remède me paraissant assez radical ; chausser les mains de son ado attardé de gants de boxe! Le rabaisser au niveau de ces  canidés que l’on équipe d’une minerve en forme d’entonnoir afin qu’ils ne puissent atteindre la partie de leur animalité en souffrance…

Je ne figure naturellement sur aucun réseau social ou équivalent, elle n’a donc pas jugé nécesssaire de me rayer de ses contacts. Elle m’a juste signifié sèchement qu’elle me priait de ne plus jamais lui adresser la parole.

Je pense que je survivrai.

 

Son chant Philippe dans un tonneau

Comment un homme qui a connu la défaite et le camouflet des urnes, qui a accumulé tant de casseroles, peut-il se la jouer grand rassembleur de l’unité alsacienne, genre “je fais don de ma personne à la future grande région ” sans penser une seule minute qu’avec le prénom de circonstance qu’il se trimballe on ne va pas faire notre boulot, qui est de le railler jusqu’au ridicule que sa suffisance et sa médiocrité inspirent ?… Mystère… Nommer cette raillerie collective sur les réseaux sociaux de la haine est un rien exagéré, surtout dans l’importance qu’on se donne. C’est pousser la chansonnette de la victimisation bien au delà des limites crédibles… Encore un peu, il va nous atteindre le point Goodwynn en ligne directe et en instantanné… Son couplet me fait penser au vieux berger Balthazar dans l’Arlésiéne  “ça chante bien un tonneau vide”…

Un tonneau qui va s’avérer bien utile lors du naufrage annoncé de décembre.

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C’est parti !

Le chef de file de l’UMP aux éléctions régionales de décembre, ainsi qu’il est présenté dans l’edition de samedi du torche cul local, profite de la tribune servile dressée par son larbin attitré pour dire aux presque dix pour cent des électeurs alsaciens ayant signé la pétition “Alsace retrouve ta voix” qu’ils sont nuls, dangereux et leur action illégale. Il est tellement limité dans son intelligence qu’il n’a pas pu trouver cela tout seul. Aussi est-il allé chercher l’aide de deux éminents professeurs qui le lui ont expliqué. La seule évocation de leurs titres pompeux suffit à ridiculiser l’ignorance crasse dans laquelle plus de cent mille pétitionnaires croupissent. Las, confondus face à cet excès de  lumière, ils blémissent face à tant d’intelligence strasbourgeoise  et d’autorité parisienne mélées. Mais l’encore président, pour quelques trop longs mois, du Conseil régional d’Alsace veut rester magnanime dans sa colère. Magnanime et condescendant du haut de son siège bientôt éjectable. Il tend la main, il en appelle à l’unité “à seule fin d’éviter de laisser l’Alsace, future grande région, aux mains du méchant mouvement de la fille à son père” .

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Vous avez bien compris. Pas besoin de lire entre les lignes. Le ton de la campagne est donné. De même que pour l’ensemble des dernières consultations électorales, l’élection de décembre ne se jouera pas sur un bilan, ou sur une vision. Pas plus que sur la place de la future grande région au coeur de la méga machine Europe ou sur des engagements fermes et non négociables quant à l’identité alsacienne. Non.

Le seul programme sera de barrer la route à un parti dont la particularité est de n’avoir aucun programme et dont la ligne revendicatrice est uniquement fondée sur la gestion de la popularité de sa présidente. On va encore une fois vous jouer le grand air du vote utile pour sauver le cul de gros inutiles. On va bien sûr revenir là dessus jusqu’en décembre, certes. Mais s’il y a un geste dont l’utilité va indubitablement s’avérer, ça va être celui d’aller voter avec le pied !

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Agamemnon de fête foraine

Enfin, la fille a viré le vieux ! “Jean-Marie, vous voilà !” comme pourraient le chanter les petits écoliers de France…
Aussi tout le monde y va-t-il  de son couplet sur la maison des Atrides…
Heureusement que c’est une fille sinon on aurait eu droit au couplet sur les fils de Charlemagne. Il y a encore un stagiaire qui a mélangé les fiches des éléments de langage de la rédaction… C’est de plus en plus fréquent paraît-il…et dans les meilleurs maisons…
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Comme si la lignée brune marine pouvait ambitionner d’être comparable à celle d’ Agamemnon… Voilà bien le résultat d’un appauvrissement de la culture classique, qui a vu l’enseignement du grec et du latin regresser comme peau de chagrin.

Sinon, aucun des commentateurs collabo-larbins de cette pauvreté culturelle, cette insanité mentale et cette insulte à l’intelligence française qui se fait appeler paysage audiovisuel n’oserait comparer les démêlés familiaux d’un chef de section vieillissant autour de sa succession avec la malédiction pesant sur le chef d’une armée de dix mille navires parti en découdre dix ans avec les ancêtres de Rome…

Chez Homère, il n’aurait pas fait long feu le sous-lieutenant : dézingué avant le deuxième chant par la fille, avec complicité efficace de la nièce; explosé en public et en plein vol, le sous officier parachutiste. Pour l’exemple. Pour imposer comme un silence pas du tout géné dans les rangs. Pas la peine d’attendre toutes ces années à radoter. La vraie guerre de tranchées peut commencer…

Aussi pour finir sur une note d’optimisme qu’il me soit ici donné l’occasion de faire l’article sur ce qui s’est certainement écrit de plus beau sur l’iliade. C’est de Rachel Bespaloff c’est chez Alia, ça coûte si peu, à peine le prix d’un en-cas, que ce serait un drame de passer à côté de tant de beauté et d’émotion littéraire. Je rembourse ceux qui n’auront pas aimé. Commandez ça chez votre libraire indépendant, ça le changera de toute cette  daube à la sauce de houellebecquo-zemmourro-trierweilerisme . Pas de souci, je ne prends aucun risque.. .Vous avez néanmoins le choix, soit vous aimez soit vous êtes, pour ce qui me concerne, un ennemi de la race humaine…de l'illiade rachel bespalloff

De mémoire :

“Hector le gardien du bonheur périssable…”.Je sais, je dois l’avoir déjà cité, je me répète… On va encore m’accuser de rabâcher…mais je m’en moque. C’est pas au journal de vingt heures qu’on entendrait ça les petits gars…

Et puis ça fait rire mes filles qui n’ont pas encore projeté d’envoyer leur P4 de père à l’hospice.

La vieillesse est un naufrage

Ce que disait Charles à propos de Philippe est tout à fait d’actualité pour l’ancêtre du clan Le Pen, qui ne peut s’empêcher de rafistoler, regeindre, revitupérer jusqu’à plus soif les mêmes effets de langage à la provoction surranée que les larbins de la presse complaisante s’empressent bien sûr de relayer via leurs réseaux de papier chiotte.
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Ce qui est impensable, au fond, c’est que ça puisse encore trouver un intérêt dans les rédactions. Pourquoi, on le sait, du moins on s’en doute. Mais comment ? ça on aimerait bien le savoir. Comme tentative de compréhension on peut toujours aller lire l’édition du mois d’avril de “La décroissance”, où l’on trouvera ces mots d’Alain Acardo : ” Un système de domination sociale tend toujours à favoriser, à tous les niveaux, pour les besoins de sa propre reproduction, la bêtise, l’aveuglement et la passivité de ses agents plutôt que leur intelligence et leur volonté éclairée.”

C’est en vente, normalement, chez les dépositaires de presse. Vous savez bien : cet endroit magique fréquenté quotidiennement par je ne sais combien de millions de Français … pour le plus grand enrichissement de la Française des jeux et de la régie française des tabacs …