L’époque est révolue où l’on pouvait, jeune bachelier, embrasser le métier d’enseignant; celui-là même dont Louis Capet quatorzième du nom disait qu’après celui de roi c’était le plus beau métier du monde. Puis, tout en franchissant quelques échelons au sein du mammouth, on commençait à patauger dans le petit marigot politique local, se trompant beaucoup sans aller jusqu’à se tromper tout le temps, pour finir par s’élever jusqu’à la fonction de chef de l’exécutif d’un conseil régional en ayant pris soin de faire homologuer son tour de tête à Cavaillon. Tout cela avec cette suffisance détachée que seuls les êtres prédestinés à l’exercice du pouvoir peuvent afficher lorsqu’ils ont parfaitement conscience de se situer, sur le vaste spectre de la morale politique, quelque part entre le petit voyou et le grand délinquant. (le lecteur exigeant aura reconnu mon emprunt à la plus grande gueule ayant jamais retenti au sein de l’hémicycle de l’assemblée nationale (Marianne est grande et Victor est son prophète !) Aussi louons cet été flamboyant, profitons de lui jusqu’à la lie, laissons nous sacrifier sur l’autel de sa luxuriance. Dansons-le comme le dernier qui soit à danser. Et si vous me faites remarquer que beaucoup d’autres n’auront pas cette chance, je serais forcé de l’admettre et de rester sans réponse. Honteux. Moins de six mois nous séparent d’une consultation électorale qui va tenir ses promesses assassines. Cent quatre vingt jours, c’est peu pour renverser la vapeur d’une machine qui ne va pas tarder à s’emballer. Il n’y a guère qu’une équipe isolée dans sa tour d’ivoire de la place Zeller pour s’inventer, dans un total déni de réalité, son maintien au pouvoir.
Tous ces pauvres gens ont fini par franchir la ligne pourtant bien nette qui sépare, en politique comme dans la vie, l’espoir du fantasme en transformant une illusion en hallucination. Il ne manquait qu’une presse complice pour s’efforcer avec un zèle de chien obéissant à transformer ce mauvais barnum local en hallucination collective. Nous sommes nombreux à ne pas avoir jeté l’éponge sans pour autant être frappés de la lucidité de l’épileptique. Nous savons que nous n’y arriverons pas. Il faudrait tellement dire, tant dire, tant dessiner. Trop. Pousser la satire et la critique jusqu’à l’insulte, l’injure, pourquoi pas le blasphème ? Qu’on nous attaque en retour, qu’on nous somme de nous expliquer, qu’on nous condamne. Qu’il y ait un semblant de débat… Que nous puissions quelque part répondre et accuser en retour d’avoir poussé l’incompétence et l’inculture si profond dans la bêtise la plus épaisse et la connerie la plus opaque…
Le président alsaco-tartuffe du conseil régional aura beau se mettre en scène sur les réseaux sociaux et essayer de se fabriquer une image publique présentable en se maquillant d’un rot un wiss rachitique sur la joue… Rien n’y fera. Les faits divers les plus grossièrement ficelés sous forme de saloperies gribouillées à la hâte par des salopards anonymes sur les monuments officiels ne feront plus diversion.
Rien n’y fera. Nous avons tous compris que toute cette agitation avait pour but de mentir et de tromper. Nous tromper. Tous ! Mon Dieu, tout ce foin pour ces quelques tours de passe-passe infidèles essayerez vous de me rétorquer…
Hélas, ce n’est pas d’infidélité dont il est question ici mais bien de trahison. La trahison ignoble et impardonnable du politique face à l’engagement qu’il avait pris, un jour, de la vie publique.
Philippe Richert doit prendre ses responsabilités et poser en toute lucidité le seul acte raisonnable possible : il doit démissionner.