Cela aurait pu s’appeller “les idiots utiles d’un vote inutile”. Ne vous méprenez pas. Les idiots dont il s’agit ici ne sont pas ceux nommés ci-dessus en titre mais ceux qui vont les désigner. Vous, moi. Nous, les électeurs. Oui, dans le triste scénario de cette comédie ridicule annoncée dans tous les bureaux de vote le six décembre c’est bien nous, électeurs, qui allons jouer les gros inutiles et ce dès le premier tour. Tout va être mis en place pour que le chiffon bleu marine de la terrible menace extrême réveille votre réflexe, dans le peu qui lui reste de muscle républicain. Pour un maximum d’efficacité, la rhétorique mise en oeuvre doit être d’une simplicité inégalée dans son énoncé et ce dès à présent. Le matraquage quotidien du mantra politique élaboré en haut lieu a commencé. On vous met bien en garde de ne donner aucune chance à l’horreur extrême. Il vous est plus que conseillé de reconduire ceux dont la légitimité de la charge ne peut pas céder face à ces nouveaux migrants au déferlement bleu marine annoncé dans le paysage politique. Vous avez bien compris. C’est écrit sur votre carte électorale. C’est un devoir. Vous n’avez pas le choix. On vient d’inventer sous vos yeux le concept inédit d’inutilité utile. On a besoin de vous pour démontrer que vous ne servez à rien. Avec un peu de chance , vous n’aurez à vous déplacer que le jour de la saint Nicolas. Pliée dès le premier tour, l’élection. Encore dix huit jours pour faire les Bredelle. Tranquilles. C’est Noël en Alsace. Dans cet ersatz de brouillard médiatico-institutionnel qui tient plus de la purée de choucroute que de la brume de petit matin, il est de notre devoir d’être irréprochables sur la clarté de notre discours et sur nos engagements. Ici et maintenant. Ce ne sera ni ceux qui, depuis trop longtemps, ont les clés du magasin et l’ont amené à l’état de délabrement où il se trouve, ni les autres qui rêvent pour la première fois de s’y installer et de vider le bar dès le premier soir en réservant une méga gueule de bois à toute la région pour la durée du mandat. tout cela tient en une formule de bon sens: NI PHILIPPE, NI PHILIPPOT !
C’est clair, net,sans hésitation, sans nuance, sans appel. Il n’est pas trop tard pour se positionner face aux professionnels du hold-up électoral qui dans leur tout d’ivoire de l’hôtel de la région bourrent le mou à leur mégalo de président en sursis en lui serinant qu’une élection se gagne au dernier moment. Donner le ton dés à présent a le mérite de clarifier le paysage face à l’inexorable dégénérescence clientéliste des politiques en place et en embuscade, quotidiennement soutenus par leurs larbins encartés au sein des rédactions des différents médias. Dans les arrières cuisines ; les seconds couteaux s’aiguisent comme autant de petits Talleyrand ayant bien appris leur leçon sur la “trahison qui n’est qu’une question de date“. Aussi est-ce ici qu’il nous faut entrer en scène nous, acteurs amateurs et professionnels du régionalisme. Ici et maintenant. Cela promet d’être un exercice périlleux que de faire entendre notre voix dans cette campagne. Très périlleux. Pas facile de convaincre face à tous ces braves gens qui n’auront de cesse d’amalgamer toute revendication régionaliste avec les pires des images extrémistes. Et Dieu sait si leurs archives iconographiques sont riches de clichés puants et leur puissance de feu médiatique impressionnante. C’est à nous qu’il appartient de faire de l’attachement à la région où nous vivons, à sa langue, à sa culture, à son âme, un projet “socialement désirable” loin de la caricature de repli identitaire dans lequel les acteurs locaux d’un pouvoir sclérosé par son centralisme œuvrent quotidiennement à nous réduire. En moquant nos accents, en ringardisant nos coutumes et nos traditions, en réduisant notre folklore à trois ou quatre images d’Épinal forcément réactionnaires. Demandons nous honnêtement: à quel spectacle avons nous envie de nous joindre : celui du cortège plein de joie de vivre de jeunes femmes arborant leur coiffe alsacienne ou celui pathétique et ridicule à l’excès d’un président de l’exécutif concédant deux centimètres carrés de maquillage rouge et blanc comme ultime signe d’appartenance à sa culture ?
Il me semble que c’est au seul prix de la démonstration et du partage de cette joie de vivre décomplexée, ici et maintenant, que nous deviendrons autant politiquement crédibles qu’électoralement représentables. C’est bien le but n’est ce pas ? Sinon à quoi bon toute cette agitation et cette passion sans cesse affichées ? Que ce soit le discours d’un dessinateur né et ayant grandi à Nancy et vivant en Alsace depuis quarante ans devrait prouver que le scénario du “socialement désirable” reste possible, non ? Mais je me trouve bien prosélyte et bavard aussi vous ais-je fait un petit dessin au cas où mes mots vous seraient trop pesants.
Mais je me répète : NI PHILIPPE, NI PHILIPPOT !