“Le plus difficile dans ce métier , disait Louis Jouvet, c’est de trouver une chaise.” Bernanos ajoutait que lorsqu’il n’aurait plus qu’une paire de fesses pour penser il irait l’asseoir à l’Académie Française”. Où les chaises sont plutôt des fauteuils qui restent souvent vides… Les écrivains et hommes de scène de cette époque manquent cruellement au débat actuel. Les débats à l’Assemblée Nationale sont d’un niveau soporifique tel qu’on a quelquefois l’impression qu’il doit y avoir un ou deux représentants du peuple qui sont vraiment morts. On se met à imaginer le chaos verbal que pourrait mettre un Hugo ou un Clémenceau au sein de cet hémicycle où, de leur temps, les insultes prononcées valaient à leur auteur une occasion de s’expliquer devant témoin avec choix des armes à l’offensé et où le public venait assister aux échanges dans l’ espoir de vivre en direct une volée d’insultes bien vertes et relevées. Quel orateur aujourd’hui oserait demander au président de séance de lui emprunter un ministre si drôle afin de distraire les enfants à la maison?. J’ai beau chercher je ne vois pas d’orateur capable de m’émouvoir à m’en faire changer d’opinion… Ou qui oserait prononcer le mot de pot de chambre afin de voir si quelqu’un sort d’en dessous du lit?…Et jouvet dans tout ça ? Ben Jouvet c’est Knock (qu’il ressortait dès que son théâtre avait besoin d’un peu d’argent faute de chaises pas assez occupées) pièce de théâtre qui a connu un grand succès national et planétaire même en Alsace où l’on a dû réimprimer l’affiche car le maquettiste avait écrit Knack. On aurait crû à une farce de garçon boucher et vu l’importance de la boucherie charcuterie dans la culture alsacienne on allait droit vers l’incident diplomatique. Jouvet nous manque tout comme son phrasé si caractéristique et inimitable au service des Romains, Prévert et Giraudoux, sans oublier Jeanson bien sûr…Franchement : ” j’avais dix-sept ans, je ne les ai plus parce que vous les avez et que des dix sept ans y en a pas en même temps pour tout le monde ” C’est dans “entrée des artistes” de Marc Allégret. c’est Jouvet qui s’adresse à Odette Joyeux et Bernard Blier jeunes apprentis comédiens.On a le choix, soit on applaudit, soit on est un ennemi de la race humaine.