La politique, c’est le contraire de la corrida, les places les plus recherchées ne sont pas à l’ombre.Même pris les doigts dans le pot de confiture, le kador bronzé, tous partis confondus, finit rarement par aller perdre son teint hâlé dans la cellule fraîchement ventilée d’un quartier réservé aux clients sensibles ( sauf si le client en question avait un peu trop tendance à s’approcher de l’ombre de trop jeunes filles en fleurs bien sûr). Ce n’est pas chez nous qu’un ancien président risquerait six cents ans de peines confondues comme le pauvre Donald sur lequel la méchante machine judiciaire démocrate d’outre atlantique s’acharne. Ici, notre ancien chef de l’État qui s’est quand même pris deux fois un an ferme, n’est pas en passe de se les empocher. On les lui a substitués à une peine d’intérêt général sous forme de tournée des grands ducs de la librairie autour de la dédicace de son nouveau bouquin dont j’avoue avoir oublié le titre forcément racoleur puisque fruit des cerveaux des champions du marketing éditorial que sont les têtes bien pleines de l’édition française de haut vol. Vous avez bien lu, j’ai écris le nouveau et non pas le dernier. C’est à cela que l’on reconnaît les forçats de la littérature de tête de gondole , leur nouveau bouquin , hélas, n’est jamais le dernier. Des noms, des noms entends- je de partout… Vous délirez? C’est la rentrée littéraire , le moment culturel de l’année où l’exception culturelle française qui n’a plus rien de culturel ni de français, rayonne sur nos campagnes afin d’abreuver nos fils et nos compagnes les inondant de la lumière quasi divine de saint germain des prés. Je ne vais pas risquer de me mettre à dos le moindre des six cents génies publiés dont je n’ai pas lu la moindre ligne vu que dans ma bibliothèque il n’y a que de vrais livres. Je vais trouver une belle place à l’ombre et aller profiter du spectacle, là dans l’arène de ces nouveaux gladiateurs de la culture qui vont se faire joliment étriper par les grands fauves de la critique et comme c’est gratuit j’en aurai pour mon argent. Bon j’avoue quand même être un vieux frustré qui n’ a jamais été sollicité pour descendre dans la mêlée et qui aurait de toute façon la pétoche de prendre des coups. Je me console en pensant qu’au moins j’ai l’honnêteté de reconnaître mes limites. Peut être devrais je me mettre au travail sur une fiction au parfum autobiographique où je m’auto flagellerais sur toutes les crasses que l’on m’aurait faites dans ma misérable vie qui n’aurait pas été ,loin de là ,le jardin de roses que l’on m’avait pourtant promis. Mais me voilà bien obligé d’admettre que les nuages porteurs de drames ont totalement épargné mon chemin et que ma vie est d’une simplicité si inouïe que la dernière fois que je l’ai racontée à un amish il s’est endormi au bout de cinq minutes. Pour vous dire à quel point je m’en tape des promesses originelles je vous invite à venir au jardin, les ipomées ont fleuri, elles sont d’un bleu si pur qu’il foutrait un complexe à Yves Klein et à Picasso réunis et ce dernier au mieux de sa période… Alors? Rien, “que du bonheur”… (64 pages , dix euros chez le Verger éditeur)