Nous autres dessinateurs avons une chance inouïe , nous ne nous ennuyons jamais avec nous même grâce à ce dialogue ininterrompu avec notre crayon que nous poursuivrons jusqu’ au bout, jusqu’à la fin . Pas celle des haricots car dans ce métier on mange beaucoup de pâtes mais celle de notre histoire. Il paraît que le papier va se raréfier, mais il paraît tellement de choses de nos jours il paraît même que dès qu’on se permet une petite blague un peu navrante et décalée il y a toujours quelqu’un pour aller rapporter à la muse qui très fâchée ne se prive pas de sévir quelquefois même avec violence. Le féminini inspirant a souvent des réactions assez piquantes quand on aborde certains sujets. La muse est souvent nue et si elle porte des lunettes c’est qu’elle n’est plus toute jeune et a vu tellement de conneries que ça lui a forcément abîmé la rétine . Si elle est en colère c’est forcément à propos de blagues tournant autour de l’anatomie féminine. Aussi faut-il faire avec et attendre que ça passe.Surtout ne rien promettre qu’on ne saurait tenir. Elle a un sixième sens pour les obsédés du graphite anonyme qui n’arriveront jamais à se sevrer. Bah tout cela est vite oublié dès qu’on se met à crayonner de la douceur, de l’acidulé, du barbapapa de fête foraine graphique…parce qu’on aime aussi quand ça dégouline de mièvrerie bucolique. On aime tout en fait, c’est un genre de fatalité propre au dessin sous toutes ses formes qui fait que la vie est tellement généreuse même quand on se laisse aller à être un peu idiot…un brin lourdingue mais pas foncièrement mauvais et surtout sans jamais ,ô grand jamais, l’intention de nuire.