Voilà octobre, enfin. Certes avec quelques rames de wagons de retard comme on dit à la régie autonome des transports qu’ils soient parisiens ou autres, en retard mais bien là. Sur la lande nécessairement blanchie de gelées précoces l’herbe craque sous le pas. Aussi va t- il falloir sérieusement envisager de porter des chaussettes.Dans les haies, la caille trille, le facteur aussi mais le courrier, au bureau de poste où ça caille vu que l’administration fait des économies sur le chauffage ce qui est bien compréhensif au vu du prix devenu dissuasif du fuel domestique.
Le dessinateur, lui, se réjouit d’avoir pu rentrer assez de bois de chauffage. Il ignore si l’hiver sera rude, n’ayant aucun vieil indien dans son entourage pour le renseigner, pas plus que de vieux natif alsacien capable de lire le futur des saisons dans l’épaisseur des peaux d’oignons. Aujourd’hui le dessinateur s’en fout de lire l’avenir. Aujourd’hui, il fête l’événement. Aussi se verrait-il bien, quoique ne souffrant d’aucun mal particulier, rendre visite à son camarade médecin afin de l’inviter, lui aussi, à fêter.C’est que les deux hommes, tout en étant des travailleurs indépendants de toute hiérarchie, ont le même patron dont la particularité est d’être auréolé ; un saint patron pour faire plus simple. A ne pas confondre avec les patrons tout court qui ne sont pas tous, loin de là, des saints.Aujourd’hui, nous, dessinateurs et médecins lèverons donc nos crayons, nos stéthoscopes et nos tasses d’expresso, que des patrons de gargote et autres salons de thé n’hésitent plus à matraquer bien au delà des deux euros, à la santé de Luc notre saint patron, dont maintes écoles d’art et institutions hospitalières portent le nom car l’évangeliste qui était médecin fut le premier à dessiner la sainte mère de l’ Enfant. Les confrères protestants, dont le culte ne célèbre pas la sainteté se joindront à nous sans protester car nous avons promis de fêter dignement en leur compagnie le cinq cent quarantième anniversaire de la naissance de Martin Luther le dix novembre de cette année. Et comme nous sommes des êtres de gratitude plus que d’insatisfaction nous dirons merci. Merci la vie, certes, mais aussi “merci Patron!”…