Au secours, les fournitures artistiques, le matos comme on dit dans notre métier, a pris je ne sais combien à la hausse. je ne garde pas les tickets de caisse, de toute façon il n’y en a plus. Dix euros ou presque le godet d’aquarelle ! Bon c’est la série quatre mais c’est le prix d’un plat du jour ! (d’accord c’est sans le café ni la boisson …) mais quand même !…Si ça continue , il va falloir faire un prêt bancaire pour aller acheter trois feuilles de C à grain… L’arches je n’en parle pas, c’est même pas la peine d’y penser ! Déjà qu’on est loin de pratiquer le taux horaire des garagistes ou celui des ramoneurs …vas – y toi augmenter le prix d’un dessin déjà qu’on a du mal à vendre un bouquin…Bientôt on en sera à devoir choisir entre boire un café ou acheter un crayon …”Nous v’la beaux” comme disait ma grand mère à une époque où on faisait griller les pois cassés en guise de café et on prenait un bout de charbon de bois pour gribouiller au dos d’une feuille piquée à la mairie ou à l’école. Ça y est on en est réduits à faire les fonds de tiroir à la recherche de vieux bouts de crayons et de godets d’aquarelle du siècle précédent comme des pauvres épaves cherchant leur mégots distraitement abandonné par un nanti. Je me demande si je ne vais pas faire une action d’éclat pour attirer l’attention sur la condition des dessinateurs et autres gribouilleurs qui vont être, soit dit en passant pour bon nombre d’entre eux, obligés d’aller donner leurs quinze heures hebdomadaires pour voir leurs droits au revenu de solidarité active maintenus. Des fois je me demande si ces gens là qui décident de toutes ces mesures, quelque part, tout simplement, ne nous aiment pas. Ou alors c’est rien que des jaloux …Et puis la bonne odeur de café me réveille et la maison est si douce à vivre dans la vallée que je me mets à penser que j’ai bien de la chance n’ avoir comme source principale d’énervement que le prix exagéré des crayons ( Staedtler pour la mine graphite Faber Castell – Polychromos – pour la mine couleur- Le crayon est allemand ou n’est pas, Monsieur. l’invention est française si vous avez suivi il y a quelque temps mes humeurs et autres vaticinations mais tout est dans la fabrication n’est ce pas ?….Pour ce qui concerne l’aquarelle soyons sérieux, ce serait une insulte de ne pas reconnaître qu’elle est anglaise . Le dessinateur se doit au moins une fois dans sa vie de faire le pèlerinage dans le Charing Cross, au magasin originel et se tenir là où Rackham, Turner et les frères Robinson venaient faire leurs emplettes. il nous reste les pinceaux ( certes le poil est russe ) et le papier. C’est une consolation même si ça ne va pas durer.