Il est jeune, il porte beau, affiche un certain nombre de millions sur son compte en banque fatalement helvétique et se contrefout du prix de l’essence comme un eskimo alcoolique du glaçon dans son double whisky…
Il vient de gagner sa énième course automobile, en Allemagne, alors forcément votre journal local va à sa rencontre.
Il est un peu angoissé à l’idée de changer de crèmerie rutilante car les trois mille serfs qui fabriquaient son joujou mécanique de mâle dominant sont sur le carreau suite à un plan social depuis longtemps programmé par les actionnaires de son équipementier et principal sponsor. Il se serait bien vu décuple champion du monde, parce que ça sonne mieux que nonuple et octuple qui étaient suffisamment compliqués à se rappeler en conférence de presse. Le pauvre chéri. On arrête là. Tant cela est d’une indécence si incommensurable qu’elle en devient banale avant de virer au médiocre.
On ne le rappellera jamais assez : ce n’est pas du sport.
C’est le rassemblement de foules aliénées assujetties à la production d’un outil de divertissement touristique grossièrement maquillé en manifestation sportive dont on a fabriqué la popularité grâce à des médias complices.
Aussi, subventionner une telle indécence, c’est lui conférer une légitimité qu’elle est bien contente d’usurper pour le plus grand contentement de ses investisseurs. Que des sociétés privées, banques, compagnies d’assurances, concessionnaires automobiles ou autres trouvent de bon aloi d’investir dans un tel barnum c’est leur droit, car c’est leur pognon. Mais que des élus subventionnent une pareille tartuferie avec l’argent des contribuables en prétendant que c’est le désir naturel d’hommes et de femmes de profiter de leur temps libre pour le consacrer à s’abimer dans la contemplation d’une cohorte de véhicules polluants, c’est gravir un échelon supérieur dans le mensonge éhonté et l’indécence.
On ne vous a pas consulté car c’est déjà bien assez compliqué comme ça toutes ces histoires de prix à la pompe pour trois malheureux cents qu’on va vous ristourner sur le litre…
Au fait là on vous a fait le plein d’indécence. Super ou ordinaire peu importe. Tant que vous passez à la caisse.