Quel bal? Mais le grand voyons, celui des faux culs. Ce haut lieu du divertissement du bon goût républicain et des mondanités au parfum d’imposture démocratique qui a lieu sans discontinuité depuis si longtemps qu’on n’a plus trop souvenir de qui peut bien l’avoir inauguré. Ce moment favori que la tartuferie nationale privilégie pour se retrouver, danser, se baffrer et débattre. Évidemment, la tenue correcte est exigée. Aussi le port de l’écharpe tricolore y est il d’autant plus discrètement encouragé qu’il est garant d’une exonération du ticket d’entrée qui comme toute manifestation certifiée élitiste est assez élevé. La danse et les agapes annoncés ne sont qu’un prétexte. On y vient surtout pour faire et défaire, en un mot pour juger. C’est donc un tribunal me répondrez vous sur un ton interrogatif?. Certes et il n’y a pas de mais. Aussi faut-il choisir un accusé. Le choix de la vindicte administrative des nantis de ce Davos de fête foraine du moment vient juste de tomber. Sa cible est un humoriste. Un bateleur sévissant sur les ondes d’une antenne du service public grâce auquel un détail de l’anatomie masculine dont l’évocation est généralement cantonnée aux amphithéâtres des académies de médecine a pu bénéficier d’une surexposition médiatique sans précédent. Tout le monde aura reconnu l’évocation de ce petit capuchon qui recouvre le gland du penis masculin que l’on nomme prépuce.Essayons de faire court en résumant. Un saltimbanque comparaît aujourd’hui 16 mai avec de fortes chances de se faire virer de l’antenne du service public sur laquelle il sévit non pas en raison d’une blague qu’il a commise à propos d’un chef de gouvernement d’un État souverain mais parce que cette blague il l’a commise deux fois! Il aurait eu bien tort puisque la justice saisie lors de la première fois n’avait rien vu là de bien insultant. D’ici à penser qu’ elle avait trouvé ça drôle, pourquoi pas?Cela dit, une telle procédure, dans le milieu de l’humour, pourrait signifier qu’une facétie comique issue de la tradition orale n’a la vertu d’être drôle qu’une seule fois. Pourtant les blagues qu’on se raconte à répétition ne voient que rarement leur effet comique se disperser. (personnellement mes deux favorites depuis pas mal d’années sont celle de Joseph égaré au paradis et celle de Chirac et Colin Powell, mais je ne les raconte qu’en dédicace, il faudra donc venir à la prochaine séance) Aussi finissons en, qu’on les dégage tous, enfin, tous ces blagueurs à la noix, ces bras cassés de dessinateurs, de fous du Monarque sur lesquels on verse une larme de circonstance quand on les dézingue pour mieux virer sans états d’âme les survivants la semaine suivante avec la sempiternelle ritournelle de la possibilité de rire de tout ,n’est ce pas, mais pas avec tout le monde. Virez les tous, vous avez la liste, parquez les dans un quartier excentré ou dans un camp spécial, créez un ghetto des emmerdeurs et créez une ligue de l’humour de bonne vertu avec la blague carambar comme étalon. Parce que si ça continue on ne pourra même plus citer ce summum de l’humour Almanach Vermot mille neuf cent un qu’est le fameux “comment vas tu yau de poêle? ” sans être poursuivi pour offense par le syndicat des ramoneurs. Ainsi que celui des matelassiers quand vous répondrez “et toile à matelas,”…Ou alors, bien mieux: éradiquez, organisez la saint Barthélemy des irrévérencieux, le ragnarok des saltimbanques de tous ceux qui n’arrêteront jamais de dénoncer une connerie que la cognée du bon sens ne saura jamais abattre. Et puis à tant faire, atomisez l’industrie du crayon et du papier comme ça vous serez tranquilles. Mais nous sommes une bande de petits malins, on a fait des réserves et on a de quoi voir venir pour un bout de temps, il n’y aura pas de retraite et quand un bon orage magnétique sera venu réduire à néant vos ridicules artefacts d’intelligences artificielles on vous réapprendra à tenir un crayon, et à la fin on ira dessiner sur vos tombes. Foi de vieux hippie sans prépuce.