Il pleut. Encore. Toujours. C’est devenu d’une telle banalité qu’on en est à se demander si on ne serait pas en train de devenir anglais et surtout si quelque autorité supérieure pouvait arrêter d’écouter Bobby Lapointe en boucle et surtout nous faire grâce d’une petite prévision optimiste.Bien malin qui pourrait, aujourd’hui, prédire avec certitude la météo du 7 juillet au soir. Bleu marine ou rose populaire? Les sondeurs de tous bords et poils en sont quitte pour donner leur langue au chat. Qu’on lui donne une langue, qu’on lui en donne dix ou cent, le chat s’en bat les moustaches. Ce qui l’intéresse c’est qu’on lui apporte des voix. Le plus possible de voix. Comme autant de petites souris qui se laisseraient appâter par l’odeur alléchante d’un fromage à 33% Heil et fines herbes.Le chat dont on sait bien grâce à la sagesse asiatique que sa couleur importe peu, n’a que faire d’une langue autre que la sienne qu’il maîtrise d’autant plus parfaitement qu’elle est de la même matière que la fameuse trompette de Georges Milton qui n’en jouait pas pour la bonne raison qu’elle était en bois. Un bon vieux bois de derrière les fagots ayant séjourné si longtemps dans le marigot des différents appareils qu’il en est vermoulu. Aussi tient-il de la planche pourrie genre radeau de la méduse pour les pauvres et naïves souris naufragées toutes ignorantes du triste sort que leur réserve les félins félons rôdant en embuscade à l’approche des bureaux de vote. Dans une petite dizaine de jours elles pourront voir se profiler les silhouettes des différents matous occupés au moment présent à trouver le meilleur plan pour aller s’installer dans les caves du magnifique hôtel au cinquante sept rue de Varenne. Le locataire du cinquante cinq faubourg saint Honoré ne donnera son congé qu’en deux mille vingt sept. Alors le mot d’ordre chez les souris c’est bien ; méfiance. D’un strict point de vue stratégique, des deux choses que la souris doit surveiller chez le matou, de la moustache ou de la queue, les petits rongeurs de la famille des muridés savent que c’est de la queue dont il faut le plus se méfier car tout comme celle des cro-magnons priapiques qui sévissent avec tant d’impunité dans la race humaine que ce soit dans les médias ou dans les arts, quand la petite souris la voit il est souvent trop tard.