Aux journalistes peu imaginatifs qui ne manquaient pas de lui poser la question la plus râpe à carottes qu’il se puisse poser à un prix Nobel de littérature : “Pour qui écrivez-vous ?” William Faulkner répondait sans sourciller : “Pour ceux qui ne savent ni lire ni écrire.” Nul besoin d’avoir réussi avec succès l’agrégation de grammaire pour saisir toute la subtilité de l’emploi d’une préposition généralement déviée de son sens originel qui ici le retrouve avec pertinence. Savoir que de tels esprits subsistent pour, de toute leur autorité, ramener à l’essentiel certains d’entre nous qui seraient tentés de laisser leur talent s’égarer dans des stratosphères plus qu’embrumées a quelque chose de profondément rassurant.
Ca pourrait être un chouette thème de colloque non ? Une manifestation culturelle de premier plan à l’école des Arts Décoratifs de Strasbourg, qui ne s’appelle plus ainsi et dont j’ai oublié la nouvelle appellation institutionnelle, qui est bien trop compliquée pour mon petit esprit. Si il est un reproche récurant que l’on peut faire aux auteurs et aux illustrateurs, c’est bien de ne pas assez s’occuper de politique à une époque où la politique finit toujours par s’occuper d’eux. Le succès a toujours complexé les élites politiques. Celui de l’atelier d’illustration de Lapointe n’est pas un exemple unique. Un type comme Bernard Erin qui, aux Beaux Arts de Toulouse, était à la typographie et au dessin de lettre ce que Lapointe, à Strasbourg, était à l’illustration, s’est fait en son temps remercier sous prétexte que ses élèves gagnaient déjà leur vie alors qu’ils étaient encore étudiants… Un comble ! Il est sûr que ce qui différencie les dessinateurs des élites politiques sera toujours le souci fatalement revendiqué de ces dernières de s’élever dans leur niveau d’incompétence, ainsi que nous l’ont si magistralement démontré Lawrence Peter et Raymond Hull dans leur fameux “Principe”. Certes, Lapointe et Faulkner c’est entendu. Mais qu’en est-il des patates ?
L’une des interventions du colloque international qui se tiendra à l’ancienne Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg s’intitule “Séquentialités gyrovagues ou la translation stationnaire”.