Dimanche prochain un quarteron de politicards, gouvernants de rencontre proches de la retraite et tout de tricolore enrubannés, cédant à la panique d’une réélection plus que compromise et prétextant une simplification administrative tenant plus de la mystification électoraliste à portée soit disant historique que de l’exercice de la démocratie, vous demanderont de livrer cette région à leurs incompétences multiples et répétées. Chacun est libre, bien entendu de se prononcer. Mon premier élan, après réflexion, était de les censurer catégoriquement mais, après le triste spectacle des basses manoeuvres de ces dernières semaines, ma décision est arrêtée : je n’irai pas voter.
Pour moi, y aller, c’est cautionner des décennies de dérives financières, de choix politiques et idéologiques désastreux et d’abîmes culturels sans noms, qu’une alternance politique, quelle qu’elle soit, ne ferait que pérenniser. C’est regarder, tels des simples d’esprit, le doigt du sage qui montre la lune, c’est reconduire un nouveau bail au propriétaire véreux qui n’a rien fait d’autre depuis les trente dernières années que vous augmenter le loyer et les charges en vous faisant fantasmer sur l’accès à la propriété. Y aller, c’est confier les clés du bar à votre vieil oncle poivrot sous prétexte qu’il vient de s’inscrire aux alcooliques anonymes, c’est s’absenter en laissant la boîte d’allumettes bien en évidence sur la table après avoir fait promettre à l’enfant de surtout n’ouvrir à personne…
Enfin, y aller, c’est pour la énième fois se résigner à ramasser ce qu’il reste de miettes avec une pensée émue pour nos grands-pères qui se font fait dégommer en beauté alors qu’ils ne demandaient qu’un peu de pain… Pas plus que de pain je ne veux d’un mille feuilles du futur conseil unique, bricolé dans les arrières cuisines des partis, d’après une recette surannée à base d’ingrédients à moitié pourris et périmés. Je veux plus. Je veux toute la boulangerie ! Je veux tous les sacs de farine ! Je veux les champs de blé, les moulins, les moissonneuses batteuses et tout le saint frusquin ! Dois-je continuer ou faut-il vous faire un dessin ? Je peux m’appliquer savez-vous, lorsque je suis motivé…
Je veux bien me faire baiser pour un oui ou pour un non, j’accepte même qu’on me raconte tout un tas de conneries pendant qu’on me tabure, qu’on me malecule, qu’on me catère et me créponne, j’ai moi-même, du temps de ma jeunesse, eu la galipette bavarde et le coït déclamatoire… Mais qu’on me demande l’effort supplémentaire de crier haut et fort que ça va repousser les limites du sismiquement acceptable d’un point de vue émotionnel sur l’échelle de Richter, alors que tout le monde sait pertinemment que ça promet d’être si nul à chier que ça va tous nous “ressortir par l’entrefesse en nous salissant tout autour“, ça, c’est vraiment trop.
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