Il nous enfle ! Il nous enfle je vous dis ! L’enflure gredine à peine remise de sa berezina référendaire d’avril qui remet le couvert en nous inventant un conte de fées à l’horizon 2030. Un autre conte de fées à gueule de cauchemar. Enflés complets qu’on est je vous dis ! Une fois désenflés, les bras vont nous en tomber non ? Il faut reconnaître qu’ils étaient bien haut levés, façon Hold-up. Pendant que l’un nous braquait, les deux autres nous faisaient les poches. Plus haut les mains, plus haut ! Plus profond les poches ! 2030 ! Il rodomonte grave, l’ex futur duc d’Alsace non ? Quelqu’un quelque part pourrait-il commettre l’acte charitable de conseiller à ce type de consulter une bonne fois ! Se projetter à ce point dans l’avenir alors qu’on affiche un passé pavé de casseroles et un présent sous forme d’incendie dans les cuisines, ça doit être répertorié cliniquement non ? Il doit bien y avoir un précédent ! Un diagnostic posé, une thérapie engagée… Honnêtement je ne vois que la sanction des urnes pour arriver à nous débarasser définitivement de toute cette clique d’incapables qui se sont surtout avérés être capables de tout ! Mais vite hein, vite le bruit des votes pour éviter le bruit des bottes ! Depuis le temps qu’il piétine, là, à la manière d’un épileptique, à nous bassiner pour entrer dans l’histoire, avoir son nom sur une place, une rue, une école, une impasse. Donnez lui un truc à ronger et qu’on en finisse. Donnez lui plus qu’un nom ; tiens , donnez lui un adjectif, comme autant d’autres à être entrés dans la légende ; les Louis, les Charles, débonnaires, chauves ou téméraires… Philippe le déprimé, c’est tout trouvé ! On s’en croyait débarassé après le blitz du 7 avril. Les pires langues vipérines alimentaient une rumeur de fin de règne et de fond de trou… Que nenni! Trois valiums et deux doses de prozac plus tard le voilà regaillardi qui nous revient avec un nouveau hochet chiffré 2030 !
Sainte Marianne, patronne des bureaux de vote, débarassez-nous de tous ces joueurs de monopoly médiocres – allez tout droit en prison, ne repassez pas par la case départ, ne recevez pas francs vingt mille… – Un homme, une voix, une charge… Un mandat, une écharpe, comme ça pas le temps de l’user. Tu la remises au salon, en trophée. Tu la regardes le soir en rentrant de ton boulot, le vrai, celui qui fait aimer les dimanches rien que parce qu’on doit pas y aller. Alsace 2030 ! Il n’y a pas si longtemps c’était objectif 2010 et avant ça Cap 2000 ! Qui se souvient encore des caps 2000, Horizons 2000 ! Vingt ans pour entrer dans le mur ! C’était hier, mais aujourd’hui on est bien le lendemain d’hier non ? Et avant ça ? Les défis de ci, les challenges de ça… Les anniversaires ou centenaires de ci de ça… L’Alsace dans la tourmente, le beau jardin malgré lui enmaïssé! Bon, c’est novembre. La trêve est là en embuscade. Faut bien se lâcher un peu avant non ?
Après, pendant un mois, jusqu’aux Rois, on sera tous dégoulinant du miel des confiseurs… Gentils, couchés, tous à la niche… La bleue, la rose, la verte ou l’orange et même la brune, peu importe… Les neurones bârewäckisés avant que les grands barnums ne recommencent. Celui de mars en hors-d’oeuvre avant ceux des cantonales et des régionales, sans oublier la petite douceur européenne… Quel grand courant d’air pourrait bien souffler sur toutes ces assemblées et ruiner définitivement ces marchands de poussière pathétiques ?
Alsace 2030 au secours, au secours ! Se pourrait -il qu’il y ait quelqu’un, quelque part, avec le courage et la lucidité de son temps pour aller lui dire ; son agenda, là, de se le plier en quatre, se le tailler en pointe et se le carrer dans le cul ? Comment ça personne ? Chirac avait donc raison : la greffe de couilles ne prendra jamais dans ce pays car on ne trouvera jamais de donneurs ! Pitié ! En 2030 on sera à vingt ans du milieu du siècle. Le moment idéal pour vous balancer un imaginaire 2050 avant d’embrayer sur le vingt deuxième siècle ! Allez prenez de la hauteur ! Payez-vous un coach de vie à trois balles qui va vous jonathanlivingstoniser la vie… Imaginez vous maintenant, ici, avec une vie fatalement heureuse sans cette armada de VRP multicumulards conseillés par des hordes d’experts frisant l’anorexie mentale et culturelle qui ont transformé les environnements professionnels en caricatures de séries américaines ! Dégageons-les, maintenant ! Dégageons les tous . Ce sera vingt ans de gagnés ! Explosés en plein vol, l’écharpe flottant à la dérive. Retour à la case nuage les cumulo minus ! Et sans indemnité de départ hein. No parachute ! Tout droit à la prison de l’oubli sans passage par la case départ et les euros vingt mille ou deux cent mille… En 2030, j’espère bien être encore là. J’aurai plus de cheveux et plus de dents, déjà que la moitié me manque… Mais je serai toujours insupportable, comme le vieux de Brel, avec toute ma tête et mes yeux ! Achtung ! C’est pas parce que je suis proche du minimum vieillesse que je vais me laisser racketter par les opticiens du quartier. La littérature m’a préservée l’accuité visuelle de mes vingt ans… On devient presbytes à force de lire une presse casse-couilles! Sans compter ces écrans, tous ces écrans comme autant de remugles abandonnés sur la table désertée, livrée aux pauvres…”Eh ben , pour un numéro cinquante vous n’êtes pas gentil!” Attendez de voir le centième ! Si vous voulez le petit conseil régional dans la prairie avec articles fioriturisés de circonstance sur les gros inutiles qui nous entrainent dans le mur avec un entêtement qui vire au quasi biologique, lisez le quotidien localv! Il est plein d’éloges sur les malveillants que l’on a laissé s’installer dans la place et pourrir la vie à tout le monde à coups de plans de carrière : mairie, département, com com, région, ministère… Enculaids : avec un accent aigu ou un accent grave? Avec un accent alsacien monsieur ! 2014, 2015, 2016, pas la peine d’attendre 2030 ; débarquez les équipages maintenant, tous les équipages ! Les cannonniers, les quarts maîtres, les soutiers, les lieutenants et les enseignes ; de la cale à la vigie ! Remplacez-moi toute cette marine de pacotille et d’opérette par du spectacle authentique, du vrai. Mettez un chauffeur de bus aux transports, une caissière de supermarché à la consommation, et un concierge à l’habitat ! Pour la direction des cabinets organisez un turn over de dames pipi : question nettoyage, elles s’y connaissent!
Donnez à tous ces gens un mandat avec emploi protégé à la sortie et vous verrez si ça ne va pas bosser là dedans, sans aller se promener à Shanghaï ou à Moscou ! Mais par pitié, ne donnez rien à un prof de sciences naturelles (l’ancêtre des SVT, bande d’incultes), la dernière fois que vous l’avez fait regardez l’état dans lequel il a laissé la salle de clase et l’école ; un vrai désert! Que des fantômes errant parmi les fantômes… Après le fantôme de l’Opéra, celui du conseil régiona l; Erik et Philippe même combat! Mais si un fantôme peut aimer l’opéra comment pourrait-il aimer un conseil regional ou même départemental ? Pas un balai de chiotte vaillant à l’horizon pour le disputer en utilité à un trombonne ou à une aggrafeuse… Paraît qu’on peut voir les marques des doigts qui ont creusé les pupitres tellement chaque conseiller s’accroche à sa place ! La tempête arrive que je vous dis. Pas la petite brise marine épouvantail récurent, merde agitée à très agitée, qu’on brandit grossièrement aux bobos du téeffun de vingt heures… Non le bon coup de balai salvateur. La bonne ruade de mulle rancunière qui attendait que le salopard de muletier passe à bonne distance ! Un truc à tout emporter, choucroute, bateaux, coiffes et costumes, rubans, casseroles et broderies, sans compter les nanards de la subventionite illimitée ; les racings, les bioscopes, les rallyes de France et autres laliques… Tout dégagé, le paysage ! Plus plat que que le plat pays, le beau jardin ! De Wissembourg à Wesserling d’un seul tenant ! Plus net que la dernière optique Leitz à deux cents millions de pixels… Le genre de gadget à pouvoir faire sa mise au point automatique sur un téton de femen manifestant sur la place rouge depuis une station orbitale sous contrôle de la NSA… La beauté d’un pays enfin débarassé de tous ses objets politiques encombrants… Une plaine décongestionnée, beau comme la dernière phrase d’un roman de Chandler…
Il fera beau et on y verra très loin, mais pas jusqu’où Philippe sera allé. Un pays s’effondre quand il confond ses architectes et ses démolisseurs. Car normalement, si les premiers on fait correctement leur boulot, on a jamais besoin des seconds. C’est la trêve non ?